Le monde est ainsi fait que l'auteur, l'air de ne pas y toucher, magistralement le dépeint. Il aborde en une centaine de pages moult sujets modernes issus de notre société effrénée. D'abord, il y a un homme, Thomas, qui, après quinze années vécues en Ontario, revient au Québec, dans la maison parentale. Son père est décédé, sa mère a été placée dans un CHSLD. Il y a une femme, Annie, avec qui Thomas a eu une brève aventure amoureuse avant son départ en Ontario. Elle est avocate, indépendante, sédentaire. Thomas, qui rêvait de s'exiler en Australie, lui a fait croire qu'il partait en ce bout du monde. Il n'était pas question pour elle de le suivre. Il y a Benoît, l'enfant d'Annie que depuis sa naissance elle élève seule. Autour de ces trois individus bien ordinaires, se déroule la vie à l'échelle restreinte d'un village. Cependant, un drame touchera Thomas de plein fouet. Une maladie dégénérative qui s'attaque au système nerveux le condamnera à la chaise roulante. Il y a David, écrivain, menuisier et peintre. Nous avons fait sa connaissance dans le précédent roman de Donald Alarie, David et les autres. Il est aussi le père d'Annie. Homme sage qui émet rarement une opinion involontaire, porte peu de jugements, se tient éloigné des rumeurs villageoises. N'a posé aucune question quand Annie lui avait annoncé quinze ans plus tôt qu'elle était enceinte. Curieusement, l'image paisible de cet homme n'est pas sans rappeler Donald Alarie, discret et silencieux, quand il s'agit d'exalter son œuvre qu'il a importante.... Il y a les visages familiers que, dans le parc ou dans sa maison, Thomas observe. Marco, Ève, Léa, Odile, Donatien, Maurice, Françoise, Antoine. Jeunes et moins jeunes joueront un rôle prépondérant quand Benoît recherchera son père. Serviront de modèle à l'auteur pour décrire les tracas que subit chacun d'entre eux.
L'histoire est limpide, narrée avec les mots appropriés. Nulle bavure stylistique n'alourdit le thème de la vie que l'auteur empoigne à bras le corps, dénonçant à voix basse, à gestes mesurés, les griefs incongrus qui nous font hausser les épaules d'agacement. Certains crient, certains tuent. Donald Alarie, loin de tout excès, dénote à travers le discours réfléchi de ses personnages les injustices commises au nom de lois surannées, de traditions conservatrices, d'une panoplie d'arguments pernicieux n'ayant plus cours en ce début de vingt et unième siècle que nous aimerions plus libéral. Pour étayer ses propos véridiques, Donald Alarie met à contribution les trois voix principales tressant son histoire : celle de Thomas, de Benoît et d'Annie. Le trio par excellence finira par s'accorder aux retrouvailles familiales.
Dans l'attente d'un tel dénouement, Donald Alarie se mesure à l'espoir. Entre les lignes, il laisse entendre que rien, jamais, n'est définitif, surtout pas les duperies divisant les hommes et les femmes depuis la nuit des temps. Nous nous demandons pour quelles raisons démodées tant de sujets tabous obscurcissent la mémoire des êtres, la réduisent à une sorte de paralysie que la bêtise humaine explique... Donald Alarie glisse au gré de son récit, les affres des femmes battues, la solitude des gens âgés, l'isolement des résidences, les pires méfaits de la pédophilie, l'incompréhension de l'homosexualité chez les jeunes. Et que dire d'Annie, monoparentale avant l'heure...
Roman étoffé, murmuré, qui amoindrit les crispations rigides du monde contemporain, nous écarte de livres imprégnés d'états d'âmes égocentriques, ne visant pas plus loin, ni plus haut, que la chair plissée du nombril. Nous aimons que les écrivains mettent en relief le malheur d'hommes et de femmes pour en informer le lecteur attentionné. Bien souvent, les petites choses additionnées les unes aux autres révèlent la force d'une écriture, la prégnance d'un style. Le pouvoir des mots s'avère l'effet d'un coup de marteau dans nos esprits ! Ainsi en est-il du roman de Donald Alarie. Loin des modes, faisant fi de toute compromission, le récit se lit avec la conviction que chaque microcosme existentiel contient sa part de bienfaits, surtout quand il est contemplé du bout d'une lorgnette où l'humour répand l'écho de rires en sourdine...
Thomas est de retour, Donald Alarie
XYZ éditeur, collection « Romanichels »
Montréal, 2010, 125 pages
Roman étoffé, murmuré, qui amoindrit les crispations rigides du monde contemporain, nous écarte de livres imprégnés d'états d'âmes égocentriques, ne visant pas plus loin, ni plus haut, que la chair plissée du nombril. Nous aimons que les écrivains mettent en relief le malheur d'hommes et de femmes pour en informer le lecteur attentionné. Bien souvent, les petites choses additionnées les unes aux autres révèlent la force d'une écriture, la prégnance d'un style. Le pouvoir des mots s'avère l'effet d'un coup de marteau dans nos esprits ! Ainsi en est-il du roman de Donald Alarie. Loin des modes, faisant fi de toute compromission, le récit se lit avec la conviction que chaque microcosme existentiel contient sa part de bienfaits, surtout quand il est contemplé du bout d'une lorgnette où l'humour répand l'écho de rires en sourdine...
Thomas est de retour, Donald Alarie
XYZ éditeur, collection « Romanichels »
Montréal, 2010, 125 pages
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