lundi 25 octobre 2021

La vie en rouge, ses joies, ses mélancolies *** 1/2


Si la chaleur va et vient, colle encore à la peau, façonne des brouillards matinaux, elle n'en est que plus appréciée. Contrairement à d'autres personnes, on n'attend jamais la fraicheur de l'automne, les feuilles qui jaunissent, meurent lentement sur le sol de terre ou le sol asphalté. On aime que chaque matin nous branche à l'énergie du soleil, à sa lumière, belle comme un sursaut de joie. On commente les nouvelles de Lyne Richard, Prismacolor no 325.

Il nous est difficile d'échapper aux charmes diversifiés de la nouvelle, ces fables souvent brèves se qualifient d'une finale inattendue, qui nous laisse pantoise. Il faut énormément de talent et d'habileté pour cerner ces histoires qui se résument en quelques pages, suspendues sur leurs cordes à linge. Clin d'œil au précédent recueil de cette écrivaine, poète et romancière, qui nous a donné l'envie de poursuivre notre lecture interrompue par le passage du temps inspiré. On s'est donc attardée dans les allées mélancoliques tracées par des protagonistes qui, parfois, se recoupent agréablement. Comme si la nouvelliste, magnanime, désirait apporter quelques moments de joie, d'espoir, à des humains malmenés par la vie. C'est parfois tragique, irréparable, ces femmes et mères qui souffrent de ne pas se suffire à ce qu'elles pourraient être. Comme les nouvelles Prismacolor no 325, d'où le titre du recueil, Un rouge qui dévore, L'odeur des roses, La chute. Ce sont souvent les enfants qui témoignent du malheur déboussolant les " grandes personnes ". Pourtant, il suffit que l'un d'eux ait une idée salvatrice pour que refleurissent dans le cœur de ces femmes qui se croyaient égarées, un rayon de soleil, un carré de ciel bleu. Les nuages, lentement, se sont dilués. La petite librairie gratuite, fabriquée par Mathias, qui a perdu sa mère dans un accident de voiture, aimé inconditionnellement de son père, s'avère un havre de paix où passent et reviennent filles et garçons dont la mère a échoué misérablement dans des intentions de bien-être. On y retrouve Amélia, la sienne s'est ouvert les veines dans la baignoire, Emmanuelle, subjuguée par la beauté maternelle. Mais l'espoir, petite fleur poussée entre les pavés, ne manque jamais de se montrer chaque fois qu'un fait inespéré éloigne ces femmes du noir de leur existence, ici on devrait mentionner la puissance du rouge. Sang, larmes, solitude. Mais aussi solidarité dans ce monde en partie pris en main par des enfants, représentant l'innocence du présent dans lequel ils se démènent, se reposant hâtivement non sur le deuil de leurs proches, mais sur le rêve qu'offrent des histoires écrites noir sur blanc. Ressource que les adultes utilisent rarement, se complaisant dans l'imbroglio de leurs affres.

Si les protagonistes se réconcilient avec eux-mêmes, grâce à l'initiative généreuse d'un enfant, il est indéniable que quelques-unes de ces brèves histoires sont un hommage au livre, au bienfait qu'apporte la lecture, telle une eau nous désaltère à sa source. Toutefois, d'autres fictions se suffisent à elles-mêmes, comme Un amour aussi nu, Un autre cœur, La cour à scrap, l'une de nos préférées. Ce jeune homme qui ne vit que pour réparer des voitures, démonter, remonter leur moteur, se révèlera un génie de la mécanique. Réalisme réconfortant dans cet univers de lamentations bien souvent féminines. La boue aura un goût de fruits, ou le premier amour retrouvé à un âge avancé. Des réminiscences qui incitent à vivre au-delà des mésententes du passé, telle cette femme qui se souvient de sa voisine, amoureuse éperdue d'un obscur chanteur populaire qui a détruit ses illusions, elle en est morte. En parallèle, la narratrice admet qu'elle n'a su aimer « paisiblement ». Une marée de bleu, l'échec d'un homme face à ses tubes de couleur, qui pensait pouvoir peindre mais dont l'inspiration lui fait défaut. Peut-être une métaphore de l'existence manquée, filigranée dans ce recueil. La douceur de Julie, Le bénévolat, deux femmes, l'une écrivaine, l'autre bénévole, se laissent emprisonner dans les dédales sans issue de leur existence aux prises avec des êtres de papier, ou avec les sentiments pathétiques d'un homme qui supplie sa femme de ne pas le quitter. Il y a un air de refus dans ces textes sulfureux de placidité, des femmes qui n'adhèrent pas au bonheur simple révélé par de petites choses, la vie ordinaire ne leur suffisant pas. Ordinaire et banale, Le lit king confirment ce que l'on avance. Des femmes prêtes à beaucoup pour raccommoder l'usure de leur couple. Deux textes qui nous ont touchée consacrés à de jeunes enfants victimes de la violence, de l'indifférence sociétale, éléments actuels avec lesquels nous devons composer. Comme dans un tableau de Lemieux, Delphine et Marco. 

De cet abondant recueil — vingt-sept textes le composent — quelques nouvelles nous ont échappé, on mentionne l'amour immense que contiennent ces fictions. Une tendresse jamais démentie submerge les intentions de ces êtres de chair qui s'évertuent à sauvegarder leur reste de dignité pour s'offrir une deuxième ou troisième chance, ménageant les possibilités qui s'offrent à leur bonne volonté. Bien que nous soyons fabriqués pour le bonheur, une profonde amertume mélancolique imprègne hommes et femmes occupant ces lieux de papier, nous demandant si l'avenir se rapporte aux enfants qui ont la vie devant eux, déroulant leur propre actualité. On ne peut terminer notre écho virtuel sans faire cas de l'harmonique écriture de l'écrivaine, de ses trouvailles poétiques, sensibles et palpables. Prismacolor de l'existence, toutes les couleurs ouvrent leur éventail pour nous assurer que ni le noir, ni le gris, ne ternissent plus qu'il ne faut la panoplie de nos joies, de nos certitudes expiatoires.


Prismacolor no 325, Lyne Richard

Lévesque Éditeur, Montréal, 2021, 165 pages

 

lundi 18 octobre 2021

Quand la malbouffe se fait justicière *** 1/2


Nous voici dans un mois qu'on aime. Doucement, les jours raccourcissent, l'air n'est plus tout à fait le même. Août, mois des petits fruits, mois où on hésite entre soie et coton. C'est aussi l'anniversaire d'une personne qui nous est chère, qui transforme nos gestes et paroles en déploiement de tendresse. Cela ne dure pas, cela tient du rêve, mais cela fait partie de nos fantasmes. Qui n'en a pas ? On a lu le roman de Fanie Demeule, Mukbang. 

On sera toujours de cette génération transitoire, qui a rangé la machine dactylo pour apprivoiser l'ordinateur. Un pied chaussé confortablement dans l'écorce de la Terre, l'autre piétinant malaisément la démesure du cyberespace. Pour s'en convaincre une fois pour toutes, on a lu le récit fort passionnant, terriblement dérangeant, pour ne pas dire stupéfiant, mais traité avec humour, d'une écrivaine plus curieuse et plus audacieuse qu'on l'est. Agrémenté de codes QR dont la complexité nous fait fuir, on les a contournés pour des raisons d'ignorance. On est entrée dans l'histoire d'une jeune femme, Kim Delorme, dont la relation avec sa mère a échoué depuis l'enfance. À quoi s'intéresse-t-elle ? À rien de vraiment humain, elle trouve des compensations affectives dans les pages innombrables, jusqu'à l'infini, de sites virtuels. Sa cousine, Jen, sa presque sœur, lui fera découvrir Youtube, ce sera l'engouement. Elle échappe aux admonestations sévères de ses parents, défend la médiocrité de ses notes scolaires. À dix-huit ans, elle quitte sa famille, s'installe dans un studio, travaille momentanément dans une pharmacie. Affable, professionnelle, passionnée et intègre, elle est appréciée de l'employeuse, des clientes. Mais de plus en plus dépendante du monde cybernétique, il vient à elle sur commande, comme elle le mentionne, en toute innocence et beaucoup de naïveté. C'est bien connu, la passion annihile les meilleurs sentiments quand il s'agit d'en savoir davantage. De fil en aiguille plutôt négative, Kim se conformera aux dires douteux d'une voyante-chamane virtuelle qui l'encouragera à se différencier des autres. Suivant un  régime alimentaire contre-indiqué, elle ne sent plus la faim, ni la fatigue ni la solitude. Ses cheveux tombent par poignées, signe de l'énergie angélique qui a gagné son corps, croit-elle. Kim est prête pour la prochaine étape de son ascension, petite ne rêvait-elle pas de voler, de toucher le ciel ? Elle crée et enregistre sa première vidéo, confiante de conquérir Youtube.Vidéo basée sur la nourriture végétalienne. Elle a du succès, elle reçoit des commentaires élogieux qui l'entraineront à sa perte, quand elle fera la connaissance en ligne d'une certaine Misha Faïtas, prétendument autochtone, qui pratique goulument le mukbang. Phénomène alimentaire qui vient de la Corée du Sud, consistant à avaler le plus de nourriture possible devant la caméra, peu importe la qualité. En Corée, manger est une solide tradition familiale qui, à la suite de l'éclatement social, a pris une ampleur déconcertante, manger seul s'avérant une source de stress. 

Malheureusement, Kim n'est pas de taille à se mesurer à ces défis insensés. Provoquant Misha Faïtas, elle annonce à ses supporters qu'elle va ingurgiter un nombre inconsidéré de calories pour être reconnue comme l'étoile du mukbang québécois. Certains la déconseillent, d'autres l'encouragent. Même Misha Faïtas lui fait la part belle en la reconnaissant comme sa rivale, déclarant qu'elle ne lui veut aucun mal. Évidemment, l'aventure soutenue par Kim finira tragiquement, nous la verrons mourir devant l'écran lorsqu'elle ingurgite une quantité indécente de mets coréens qu'elle s'est fait livrer dans la soirée. Traqué par la surabondance, son estomac a éclaté. Une chirurgie ne servira à rien. Son cœur a lâché. C'est un tel choc que les vidéos mukbang seront interdites sur Youtube. Décision juridique qui a été prise pour la sécurité mentale des utilisateurs et des téléspectateurs, ces gavages gargantuesques n'étant que piètres et répugnants spectacles. L'histoire de Kim n'est pas terminée pour autant. Morte, elle joue un rôle justicier envers sa mère, envers le restaurateur où elle a commandé son dernier repas gargantuesque. Envers Misha Faïtas, rôle qu'elle insufflera étrangement à son père, envers Jen, sa cousine. Ces personnages sont-ils vraiment responsables de la chute de Kim, nul ne peut le savoir. Kim était une introvertie qui entretenait une colère contre sa mère depuis l'enfance, colère suicidaire que même après sa mort, elle fera rejaillir spectralement sur ses partenaires.

Le récit, qu'on ne sait trop comment libeller, s'avère un témoignage contre la malbouffe, concocté intelligemment par Fanie Demeule, ne jugeant à aucun moment le sort des êtres dont elle tient les ficelles, sans complaisance. Ils sont tous fragiles, vulnérables, prêts à être avalés par le monstre cybernétique. Ceux et celles qui se laissent aspirer par ses tentacules redoutables, se vident de leur composition organique avant de se transformer en loques. Telle Jennifer, la cousine de Kim, aux apparences équilibrées, fille sportive, aux goûts modérés. Fanie Demeule, observant et dirigeant les avatars mortels de Kim, conseille, déconseille à la fois les manières de s'y prendre pour ne pas se laisser happer par ce gouffre démoniaque d'où vivants et morts ne règlent aucun de leurs rêves. Y sont mentionnés les buts de ces algorithmes, capables de détruire leurs adeptes en les axant sur la motivation, la relaxation, sur l'aspect émotionnel de leurs rapports avec leurs semblables. Sur une troublante psychologie déjà démontrée de la part d'internautes utilisant Youtube sobrement. Plus intéressée par la vie réelle que par le numérique, on a échappé à cet esclavage dont on ignorait l'existence. Livre déconcertant, nécessaire — on n'ose parler de fiction — , pour démontrer qu'en tout, les excès, l'immodération, sont des nourritures malsaines jusqu'aux symptômes mortifères. Symboles de la malbouffe internationale qui n'ont rien à voir avec la gastronomie qui chatouille avec délices les papilles délicates et gourmandes de l'un de nos plaisirs terrestres.


Mukbang, Fanie Demeule

Éditions Tête Première, Collection Tête dure

Montréal, 2021, 222 pages

 

lundi 4 octobre 2021

Entre famille et guerre, ne jamais se soumettre *** 1/2


Rivage océanique. Ce qu'on souhaite en ce moment où le thermomètre commet un accès de folie météorologique. Par contre, on sourira quand nous relirons ces lignes, regrettant peut-être de les avoir écrites, le temps estival étant si bref. Mais c'est ainsi qu'est fait l'être humain, rarement satisfait de ce que la nature lui procure. On dirait que nos corps renient parfois ce que le cerveau accumule de courtes joies climatiques. On a lu le roman d'Astrid Aprahamian, Les montagnes noires.

Tout d'abord, on remercie notre libraire de nous avoir recommandé ce premier roman. On ne connaissait pas l'auteure, tout juste l'éditeur. Et c'est toujours une joie de découvrir un livre qui vaut la peine qu'on y séjourne pendant quelques jours. Pourtant, ce n'est pas une histoire rose que relate l'écrivaine, migrante arménienne, arrivée au Canada dès son plus jeune âge. Le point central en est une fillette de huit ans sur qui repose le temps qui passe. Temps qui oppose Margo à sa mère, à sa sœur ainée. Frustrée de son inaction alors qu'elle est médecin-chirurgienne, elle voudrait se rendre utile, aider l'Arménie à conquérir son indépendance. Margo a vécu une dizaine d'années à Moscou avec Igor. Liaison qui a fait preuve d'harmonie avant de se détériorer dans un trivialité décevante où l'alcool et les filles jouaient un rôle destructeur. N'en pouvant plus de cette dégradante situation, Margo revient en Arménie, à Erevan, avec sa fille, Vasya. Mais sa mère exigera beaucoup d'elle et de sa petite-fille si elles veulent réintégrer la maison familiale. Le voisinage n'est pas plus indulgent envers Margo, au point qu'elle finira par se culpabiliser. C'est à un ancien amoureux, Tatoul, à qui elle confie vouloir rejoindre un groupe d'hommes, en Artsakh, qui se bat contre les troupes russes. Avec la complicité de Tatoul, elle rejoindra le mouvement dashnak, parti politique qui avait construit l'Arménie après le génocide « pour ensuite se faire bannir par les bolchéviques. »

La complexité de la situation politique en Arménie étant embroussaillée d'un historique déroutant, on est reconnaissante à l'écrivaine d'en avoir explorer qu'un fragment pour venir à bout de son roman. Et pour notre compréhension. Elle situe son action et ses péripéties deux ans avant l'indépendance de l'Azerbaïdjan, soit en 1989. Dans la famille arménienne de Margo, la vie quotidienne est quasiment collective, beaucoup d'hommes et de femmes, parents et amis, vont et viennent, prenant souvent à témoin la fillette de Margo, celle-ci ayant rejoint les soldats dans les montagnes. Parallélisme entre la vie familiale et les combats qui entrainent la médecin-chirurgienne Margo dans des situations dramatiques. Toutes les horreurs qui sommeillent dans le cœur humain lorsqu'il s'agit de combattre un ennemi s'avèrent identiques. Villages incendiés, tortures humiliant les hommes, viols éhontés des femmes. Fuite d'un peuple mortifié pour retrouver un abri, une raison décente de vivre, essayer de s'épanouir à nouveau. L'auteure en profite pour soulever quelques points cruciaux dans une Arménie conservatrice. Les traditions font encore rage dominante. La naissance d'un garçon est privilégiée, le rôle tyrannique des hommes envers les femmes. Et les femmes qui ne facilitent pas la tâche quand une fille tombe enceinte, comme ce fut le cas de Margo quand elle s'est enfuie d'Everan pour Moscou, chassée sournoisement par sa mère, méprisée du voisinage. Matriarcat obscurément établi, parfois discutable. Margo ne reviendra que huit ans plus tard, réalisant qu'elle a peu de générosité à attendre de la part de sa mère, professeur universitaire en astrophysique. Malgré ce qu'il lui en coûte de quitter le cocon familial, de devoir laisser sa fille à ses sœurs, malgré la précarité dans laquelle survivent les soldats, elle y trouvera un certain équilibre. Des amitiés se nouent avec les hommes, avec une infirmière qui la seconde. Il y aussi le commandant, un enseignant qui, peu à peu, s'éprendra d'elle. Ce groupe d'idéalistes finira par réaliser son rêve, l'indépendance de l'Arménie, au prix de nombreuses vies, sacrifiant leur jeunesse et ses illusions dans la souffrance, les privations, la solitude. La mort révélant à ses proies leur dépouillement originel.

Si on ne peut relater entièrement cette histoire de guerre et de paix contemporaine, on en résume les impressions qu'elle a fait naitre lors de notre lecture. Car il s'agit bien d'impressions sensitives qui nous ont imprégnée en lisant ce magnifique premier roman, ambitieux et vulgarisé clairement d'événements politico-sociaux qui ne sont pas encore réglés entre l'Arménie, la Russie, l'Azerbaïdjan. La haine et l'amour se côtoient, les traditions bousculées par des femmes courageuses comme Margo, qui pense avant tout à la génération de sa fille. Idéaux familiaux et patriotiques se recoupent, les chapitres s'intercalant, leur lumière et leurs ombres ne manquant pas de nous interpeler dans une sombre ou lumineuse réalité, qu'on voudrait parfois tout autre. Rien n'étant parfait, surtout pas l'élaboration d'un premier roman aussi dense, on aurait écourté quelques scènes familiales, qui empiètent sur la présence volontaire et rayonnante de Margo réfugiée dans le camp des hommes, ceux-ci arpentant les montagnes, au risque de leur vie. Refuge dans lequel elle se valorise, oubliant les griefs de sa mère, de sa sœur ainée qui, à son tour, portera un enfant illégitime...

Courageux premier livre, en partie fictif, dont on a admiré l'écriture balzacienne quand l'écrivaine dépeint montagnes, forêts et vallées, protégeant physiquement les hommes, leur apportant une poétique mais illusoire réconciliation. Astrid Aprahamian sait très bien de quoi il est question quand nous cherchons où poser les yeux pour apaiser la colère, la souffrance, deux comportements insupportables qui tiennent lieu de quotidien aux compagnons de Margo. Cependant, il est dommage que l'éditeur n'ait pas porté à bout de bras le talent irréfragable de cette écrivaine qu'il faudra compter parmi les plus prometteuses...


Les montagnes noires, Astrid Aprahamian

Les éditions Poètes de brousse, Montréal, 2021, 440 pages