lundi 26 novembre 2018

Les ombres menaçantes de la lune *** 1/2

Ce qui est terrifiant à nos yeux, c'est de voir un homme qui se dit moderne, émancipé, ouvert à toutes les causes, vouloir devenir ce qu'il n'est pas. À ce jeu du chat et de la souris avec soi-même, on se heurte à des murs qui, livrant leur écho, nous rappelle qu'il est indigne et mensonger de tromper celui ou celle qui se trouve en face. Les miroirs reflétant une fausse personnalité finissent tous par exploser, semblable au célèbre tableau de René Magritte. On parle des nouvelles de Françoise Major, Le nombril de la lune.

On ressort de ces textes avec l'impression étrange d'avoir été souvent en danger. On a ressenti des creux de vagues sournoises, comme dans la nouvelle Socorro où une mère et son jeune fils, se baignant imprudemment, ont failli être emportés au large du Pacifique. Nous sommes à Mexico, le temps de faire connaissance avec de jeunes protagonistes qui vont et viennent, aux limites de la méfiance, mais toujours sur la brèche de l'art de vivre avec peu de moyens, sinon ceux du bord, comme nous disons. Hoy por mi, manana pour toi, nouvelle où le danger se personnalise. Un matin, le narrateur s'en va à son école d'informatique. Il est six heures quinze, le lieu où marche le jeune homme est désert, le décor peu rassurant, il vient de pleuvoir. Aucune possibilité d'échapper à l'homme qui s'est approché de lui, le menace d'un pistolet, d'un couteau, « quoi d'autre ? » Un dialogue s'établit entre les deux hommes, une entente particulière sauvera la vie de l'étudiant. Intarissable menace qui, nuit et jour, poursuit le narrateur, terriblement révélée dans la nouvelle Numéro 140301751, soit la disparition de quarante-trois étudiants d'Ayotzinapa, le 26 mars 2015. Ils ne furent jamais retrouvés, ni vivants ni morts. Tous les textes, sans se référer véritablement à ce tragique événement, s'en inspirent, les ombres mouvantes ne cessant, entre gravité et dérision, d'informer le lecteur de ce qui se passe d'insolite à Mexico, ville envoûtante. L'air de ne pas considérer les choses trop sérieusement, l'écrivaine, qui a vécu six ans dans cette capitale, prend le risque, à travers des personnages éloquents, d'inventer quelques fables où le danger est bien réel. Que ce soit à l'occasion d'une fête d'anniversaire, au moment de larguer un chien infidèle, de dépeindre un migrant de retour au pays, garant de ses privilèges, le regard de l'écrivaine posé sur les êtres humains que ses narrateurs et narratrices côtoient, est empreint de symboles inavoués, d'intentions que ne dément jamais une certaine passivité désespérée. Lot encombrant d'une jeunesse déterminée. Le récit, La muchachada, s'avère un ramassis éparpillé d'une société microcosmique venue fêter l'anniversaire de Fercho, jeune homme de dix-huit ans. Cela se passe dans la maison du père du narrateur, le vieil homme vivant seul dans cette demeure qu'il a construite lui-même. Son fils se souvient et narre comment la soirée et la nuit se sont déroulées. Le père, exaspéré du tintamarre environnant, est sorti de sa chambre, témoignant d'une génération qui connaissait peu le plaisir de fêter bruyamment, ou de fêter, simplement. Un texte évocateur soulignant la mésentente subite entre un père silencieux, un fils exubérant, en même temps que la ville s'éveille, accentuant les odeurs fétides des abus des invités qui ont fui la colère du vieil homme. On a senti dans cette ambiance malaisée les rouages pernicieux de Mexico, dénonçant une fois encore des dangers nocturnes. L'haleine avinée, les yeux rougis par la drogue, le désenchantement de rencontres hasardeuses, excès d'où suinte une musique venue des bas-fonds de la cité, comme réverbérée sur les murs de la maison.

Terremotos, dramatique, nous rappelle le tremblement de terre survenu à Mexico en 1985. La narratrice n'était pas encore née, elle poussait dans le ventre de sa mère. Plus tard, elle relate des situations qui essoufflent le lecteur, l'entrainant dans divers quartiers blessés, décrivant comment chacun réagit à une telle catastrophe. Si ses points de repère s'appuient sur des monceaux de pierre et sur des victimes terrorisées, elle se souvient de ses âges qui feront d'elle une enfant du " terremoto ". Souvenirs qui s'entremêlent à ceux de personnages ayant tout perdu, une fois encore symboles d'une menace qui aboutit au pire, laissant la mémoire intacte. Une mémoire ne pouvant que faire confiance aux êtres que nous côtoyons, de gré ou de force. Ce que semble interpréter à répétitions la fiction romanesque Deux oiseaux, un chemin, insinuant que tout peut changer d'une manière inattendue, l'amitié et l'amour étant souvent liés l'un à l'autre. Au fond de nous, malgré les sentences sociales, politiques, nous restons des humains curieux du déferlement évènementiel qui renforce l'insécurité dramatique de villes gigantesques, le doute assaillant la mémoire de ses habitants, étrangers parfois à eux-mêmes.

Plusieurs de ces nouvelles nous ont particulièrement touchée. Émue, devrait-on préciser. Elles reflètent un monde incertain, faillible, prêt à faire peau neuve, sans avoir mis au clair ce qui rend une ville autant magique que dangereuse. Fascination éprouvée dans des capitales disparates, sinon opposées, leur prêtant une personnalité effrénée. Mexico devient ici personnage, donc capitale imparfaite. Qu'est-ce qui change ? Qu'est-ce qui fait la beauté et la laideur d'une mégapole sinon notre façon d'interpréter, de relativiser ce qui en vaut la peine. Le regard acéré, finement poétique de Françoise Major, ne se berce d'aucune illusoire réconciliation, pas plus qu'elle n'en laisse au lecteur, celui-ci fasciné de pénétrer dans un univers qui ne lui est en rien familier. Des fictions, on n'en est pas certaine, qui façonnent cet autrement indiscipliné qui nous habite, que nous ne voulons pas toujours admettre, la crainte de la différence nous faisant grincer des dents. Recueil à lire, rédigé entre espagnol et français, agrémenté d'un glossaire, pour que nous nous prenions conscience du danger encouru par d'autres, plus hardis que nous le sommes.


Le nombril de la lune, Françoise Major
Éditions Le Cheval d'août, Montréal, 2018, 288 pages






lundi 12 novembre 2018

Grandeur et massacre d'un empire pétrifié ****

V. est persuadée que la vie est trop courte pour la prendre au sérieux. Elle déplore l'état nauséabond du monde, le sort peu enviable de femmes brimées qui n'osent se rebeller de peur de représailles. De l'innocence bafouée d'enfants prostitués ou travaillant pour des hommes dépourvus de conscience scrupuleuse. V. se considère comme une femme privilégiée, à son âge elle se crée encore des souvenirs. Elle a quatre-vingt ans. Parlons du roman de Gilles Jobidon, Le Tranquille affligé.

On a parfois l'impression, après que les hommes ont accompli ce qui devait l'être, que Dieu intervient pour mettre un terme à leurs inventions, qui feront faire un bond magistral à l'humanité. Après lecture du magnifique récit de Gilles Jobidon, on a éprouvé une profonde admiration malaisée pour la Chine du XIXe siècle, qui n'a su protéger ses arrières quand il en était encore temps. Toutes les grandes civilisations ont connu ces époques de saturation qui les ont conduites à la catastrophe. Des hommes soi-disant plus évolués, se référant d'un Dieu autrement plus redoutable que le génie humain, se sont embourbés dans un désastre collectif. Suicide d'un peuple qui, pourtant, avait vu le vent tourner, soufflant d'une Europe à son apogée. Un ancien Jésuite défroqué, Jacques Trévier, ayant succombé aux charmes de cet Orient contradictoire, n'a pu que se soumettre aux volontés insatiables du monarque d'alors. On mentionne que l'Ordre des Jésuites a été aboli par le pape Clément XIV, en 1773. Ne reste plus que les irréductibles partis prêcher la bonne parole en terre fertile. Se sont soumis aux exigences souveraines, qui les maintiennent dans un luxe ostentatoire moyennant leurs compétences professionnelles. L'homme Trévier, horloger de son état civil, conseiller privilégié à la cour impériale, passionné de livres anciens, et de musique, Bach en particulier, est devenu plus chinois que les Chinois. N'est-il pas reconnu sous le nom de Chang Fu Yin ? C'est un fin limier qui déjoue les intrigues politiques et sociales avec la diplomatie qu'exige tout rôle subalterne. Ce jour-là, en présence de l'empereur, il affirme que sur l'île de Baël, existent des teintures d'une qualité qui défie les leurs. C'est au cours de ses lectures qu'il a pris connaissance de l'île de Baël, quelque part dans l'océan Indien.

Ici commence l'histoire de Jacques Trévier, insatiable voyageur qui, ordonné par l'empereur, doit se rendre sur cette île, ramener un teinturier qui possède les secrets du noir et de ses nuances. Durant son périple, il circule sur un lac immense. Illimité. Apparaissent les jardins du Palais d'été des empereurs de l'empire du Soleil, qui se révèlent une splendeur insolite. Si la Chine s'est endormie alors qu'elle a tout inventé — la boussole, le papier, l'encre, le sismographe, on en passe —, ses superstitions inconcevables agissent sur l'empereur comme une tentation diabolique. En ce cas précis, il doit trouver une solution pour éliminer les maux qui gangrènent son pays. Refusant d'ouvrir ses portes aux Occidentaux et, las de son pouvoir, l'empereur s'est réfugié dans la beauté d'une nature inchangée depuis le début des temps. Ceci n'est pas vraiment dit mais le récit, souvent dépeint en demi-tons colorés, toujours poétiques, suggère la présence impériale, sous le couvert de déguisements improbables. Mais Trévier doit poursuivre sa route, parvenir sur l'île salvatrice. L'accompagne Sima Qian, maître teinturier de jaune de l'empereur, qui lui décrira les propriétés de la teinture noire. Moment réflexif qui plongera brièvement le lecteur dans l'enfance et l'adolescence de Jacques Trévier, enfant qui n'étant fait pour rien de précis, n'aura d'autre recours que de devenir un saint. Persuasion qui durera peu lorsqu'il aura lu ce qui se passe ailleurs, surtout sur le sol chinois. Fera de lui ce qu'il est. Un mandarin érudit qui dissimule derrière la quiétude de ses yeux bleus, une immense colère jamais assouvie.

Pendant que les jeunes années de Trévier effleurent sa mémoire, un événement surviendra qui lui fera retrouver un compagnon d'antan, opiomane, qui manie avec dextérité le pinceau de calligraphie, qui se mêle à l'eau jusqu'à son effacement. Comment pourrait-il en être autrement dans ce pays où le silence s'avère l'essentiel d'une conversation ? Et toujours une jonque qui glisse sur l'océan Indien. Jusqu'au cœur de Baël. Séduit, ému par cette petite nation qu'il aborde, Trévier se laisse aller entre les mains de baigneuses qui vitement disparaissent. Entre en scène une femme aux seins nus, qui va bouleverser sa vie. Elle possède la beauté incomparable d'une femme noire, mais sa peau est blanche, très blanche. Albinos. Elle se révèle la teinturière unique du noir. Coup de foudre entre Trévier et elle, à qui il attribue tous les noms des fleurs. Toutes leurs couleurs avant de la nommer Flore. Cette femme au passé étonnant, qu'il doit ramener à la cour impériale, s'avère impuissante à reproduire la couleur noire hors de son île. Nous sommes en 1860, l'histoire rattrape le lecteur quand il lira avec épouvante le sac du Palais d'été et de ses jardins. Ses conséquences sur les agissements de l'empereur, sur Flore, enfermée dans les quartiers impériaux. Tout déboule sans qu'il soit possible de changer le destin du pays du Milieu, confiné dans son impossibilité à créer quoi que ce soit. La Chine que connait Trévier devient souvenir, plus rien n'existe. Celui-ci bascule dans une affliction immuable, en même temps que l'Angleterre débarque dans un conte de fées. Instaurant une démocratie éphémère au pays des dragons. La suite de l'histoire de Jacques Trévier nous le montre vieillard brisé, planqué dans un paradis terrestre, oublié des envahisseurs. La fin de sa vie rassemble la beauté ancestrale de la Chine, impossible à décrire parce que trop intense.

Roman éloquent, bouleversant, tout en poésie, écriture digne de l'impérieuse ampleur de ce territoire qui, pour son malheur, est resté infiniment replié sur lui-même, dédaignant observer ce qui se déroulait à l'Occident. Gilles Jobidon est revenu, avec humour et passion, et grâce, à ce qui lui convient le mieux, la prose poétique de ses débuts d'écrivain, comme si les longs discours romanesques desservaient son talent d'orateur posé sur des histoires à n'en plus finir... Pourtant, derrière tant de poétique narration, l'écrivain ne perd jamais de vue le monde moderne que la Chine n'a pas vu venir à la fin du XIXe siècle, déniant une civilisation qui a saccagé son passé grandiose mais pétrifié. L'opium a ses parfums qui endorment ceux qui ne savent plus comment réparer l'engrenage rouillé d'une horlogerie implacablement décadente, ses aiguilles figées sur des heures chancies. 


Le Tranquille affligé, Gilles Jobidon
Leméac Éditeur, Montréal, 2018, 166 pages




lundi 5 novembre 2018

Lire au-delà des apparences *** 1/2

D. nous a fait sourire. À la suite d'une déception amoureuse, elle affirme que les promesses d'un homme valent celles des candidats électoraux. La comparaison est prosaïque mais, ayant eu dans nos relations ce type d'énergumène, qu'on s'est empressée d'éliminer de notre vie, comment donner tort à cette amie qui s'est jurée de devenir comme saint Thomas. Croire un homme sur ses actes et non sur ses paroles. On parle du roman de Felicia Mihali, Une deuxième chance pour Adam.

Des livres nous surprennent. Nous les lisons pour ce qu'ils nous font découvrir, parfois peu de choses, comme le récit habile de cette écrivaine. On perçoit à peine les indices qui nous crèvent les yeux pour y déceler quelque anormalité. Est-ce le quotidien qui submerge notre façon de lire, de ne pas nous attendre à une histoire édifiante ? Quoi de plus banale qu'une femme — la narratrice — qui nous dépeint son existence avec son mari, ses cours dans une école pour adolescents difficiles, des rencontres occasionnelles avec ses amis ? Sauf que le mari, Adam, cinquante ans, a été victime des années plus tôt, d'un accident vasculaire cérébral. Si physiquement il fonctionne plutôt bien, ses facultés intellectuelles sont devenues celles d'un enfant d'une dizaine d'années. Il subit donc l'entière dépendance de son épouse.

Quand le récit commence, la narratrice promène le chien de sa fille, Sara, qui a pris des vacances pour fêter Noël ailleurs avec son amoureux. La narratrice et son mari ne sont jamais partis pour les fêtes d'hiver. Ils se cantonnent devant la télévision. Seuls, Sara et son compagnon partagent leur repas de Noël. Le ton est donné pour faire la connaissance d'un couple qui ne vit pas tout à fait comme les autres, l'état mental d'Adam obligeant son épouse à bien des attentions à son égard. Elle le surveille comme une chatte ses petits, nous devinons qu'elle aime fortement cet homme qui, aujourd'hui, l'emporte vers des jours plus heureux, insouciants. Cela n'est plus concevable maintenant qu'Adam ne survit que sous la coupe bienveillante de son épouse-gardienne. Ce jour-là, elle amène son mari au centre commercial pour acheter les cadeaux de fin d'année. Elle le laisse sur un banc, près d'un énorme palmier en plastique. Geste animal qui nous a fait penser au propriétaire d'une bête de compagnie, attachée devant la porte d'un lieu public, attendant que son maître ait fini de faire ses emplettes. Malaise et compréhension. Les moindres gestes d'Adam sont analysés, ses paroles disséquées par une femme souhaitant que son mari retrouve un niveau cérébral plus normal. Nous la comprenons. Mais un soir, la narratrice reçoit un appel téléphonique d'un ancien couple d'amis, Peter et Lara, qu'ils n'ont pas revus depuis vingt ans. Ceux-ci leur proposent de souper ensemble. Repère malaisé de la part d'elle et d'Adam de qui elle craint la réaction. Chacun enfermé dans ses pensées, les deux regardent la télévision.

Félicia Mihali profite de cet incident pour nous décrire des coutumes roumaines, comme l'anniversaire de Marta, une amie commune. Cérémonie qui se fête au restaurant durant une soirée très froide de l'hiver. Adam est de la partie. Elle, le surveille comme une mère son enfant. Tout le monde connait l'état de l'homme, chacun ne pouvant s'empêcher de l'observer, tel un handicapé attire le regard malgré soi. Pourtant « depuis son attaque, Adam a l'air éternellement heureux. » Phrase qui en dit long sur les cachotteries de l'écrivaine, qu'on ne détectera pas à une première lecture. Aveu rusé duquel il faudrait soupçonner une anomalie dans le comportement de cet homme soulagé, semble-t-il, de bien des vicissitudes freinées par sa femme, qui lui est toute dévouée. Intermède volontairement obscur. La narratrice nous emmène aussi dans son école, elle fait cas d'élèves rébarbatifs dont les parents, souvent les mères, dépassés par le comportement rebelle de leur progéniture, vivent dans le déni de leurs méfaits. De retour chez elle, la narratrice tient Adam au courant de ses péripéties scolaires, débattant aussi de sujets sensibles, comme le port du voile dans un pays laïque. Le communisme, l'admiration d'Adam pour Fidel Castro. Les raisons pour lesquelles tant de Roumains ont fui leur pays.

L'hiver déroule sa froidure, peu à peu se profilent les premières lueurs printanières. Réflexions sur les préférences alimentaires d'Adam avant et pendant sa maladie. Les difficultés, sinon la solitude, de la narratrice avec le cerveau atrophié de son mari. Une fois encore, les jours passent, comme les nôtres, fixés sur diverses et bénignes occupations. Faut-il avoir un grand malade chez soi pour donner tant d'importance à des détails qui n'en valent pas toujours la peine, ou bien notre regard est-il lui-même si étiolé qu'il distingue mal les contours de tant d'heures affairées ? Leur séjour de trois jours dans l'appartement de leur fille, sur Ridgewood. Dépaysement illusoire, comme pour chasser des mouches imaginaires, qui bourdonnent dans leur esprit fatigué. Au retour chez eux, son amour fou pour le corps d'Adam, qu'elle avoue sans retenue. Nous entrons dans le vif du sujet qui, à la première lecture, nous avait échappé. Dernière grande étape du parcours roumain : les obsèques du mari de Dora qui s'est tué dans un accident de moto. À la suite de cette macabre cérémonie, un appel téléphonique de Peter déclenchera un drame étouffé depuis une vingtaine d'années. La narratrice bondit dans un passé que le lecteur ne soupçonnait pas. Que nous lui laisserons découvrir.

C'est un roman qui n'en est pas tout à fait un. Si certaines séquences nous ont semblé parfois bavardes, certaines même inutiles, la fiction l'emporte quand nous sera dévoilé le drame dont a été victime la narratrice. Ce drame est-il responsable de la maladie d'Adam, on ne peut y répondre, le cerveau renfermant des circuits fermés impossibles à décadenasser. Récit qui nous a fait penser à une longue novella, la chute subtilement bien menée par Félicia Mihali, écrivaine expérimentée dont on a lu et apprécié la majorité des ouvrages. À lire dans un décor identique à celui décrit par la romancière. Des livres étant propices à chaque saison, le lecteur suivra-t-il mieux le périple accidenté d'un homme et d'une femme livrés à leurs souvenirs démantelés par les exigences d'une existence dissemblable des autres ?

On a aimé le double emploi du titre du roman, celui-ci ayant été publié une première fois en anglais, en 2014, par Linda Leith Publishing.

Une deuxième chance pour Adam, Felicia Mihali
Éditions Hashtag, Montréal, 2018, 167 pages