lundi 28 février 2022

Conquérir un territoire, des hommes et des femmes ****


Une personne affectionnée qui tombe subitement malade, c'est une feuille qui se détache d'une branche, un fruit qui pourrit dans un verger, un morceau de terre devenu stérile. C'est aussi tourner le dos aux banalités quotidiennes. Ce qui fait trembler notre existence paisible, la soudaine démission physique d'un être qu'on pensait invincible, les personnes que nous aimons étant éternelles. On commente le roman de John Steffler, L'après-vie de George Cartwright.

Roman qui, d'emblée, nous a fait réfléchir au nombre d'explorateurs, d'aventuriers, qui, partis en toute candeur vers des terres inexplorées, n'en sont jamais revenus. Ont payé de leur vie des conquêtes avortées, parce qu'à l'époque des grands voiliers, il s'agissait bien de conquêtes d'hommes et de territoires. Quelques-uns ont gouté aux illusions de la gloire, marquant de leur originalité et de leur ferveur des coins de terre défrichés, des poignées d'humains naturellement éduqués. C'est le cas de l'explorateur britannique George Cartwright qui après sa démission de l'armée rêva de terres vierges, tel le Labrador à peine accessible en son siècle. Déçu de son parcours militaire qui le mena aux Indes, puis en Allemagne dans l'armée prussienne, un été à chasser en Écosse, il rejoindra son frère John à Plymouth, qui commandait un cotre affecté à l'arrestation de contrebandiers. Puis, le frère, promu premier lieutenant sur un vaisseau qui devait se rendre à Terre-Neuve, accepta la présence de Cartwright, ce dernier se démarquant tel un parfait gentleman. Le destin de cet homme à l'esprit fougueux sera déterminé par le gouverneur de Terre-Neuve, qui se trouvait à bord. Ils discuteront ensemble de fourrures, du commerce de poisson, le gouverneur énumérant à Cartwright les richesses émaillant la côte du Labrador mais il l'informe aussi de l'agressivité des Esquimaux, des colons qui les tuent, ce qu'il réprouve. Insistant sur la manière pacifique de faire commerce avec les autochtones. Il n'en faudra pas davantage pour attiser la curiosité insatiable de Cartwright qui, après son retour en Angleterre, intégrera un nouveau régiment. Aventure qui le décevra une fois encore, malade, il démissionnera une seconde fois. À bord du vaisseau qui le ramène à Terre-Neuve, il est heureux, il se sent sauvé. Il est prêt à s'expatrier.

George Cartwright est né en Angleterre en 1739. Enfant d'une nombreuse fratrie, l'un de ses frères, Edmund, ingénieur, sera reconnu comme étant l'inventeur d'un métier à tisser mécanique. Le père dilapidera sa fortune en construisant un pont à arcades inutilisé, il n'aura plus les ressources financières pour offrir des précepteurs à ses fils. George sera un élève sans éclats, seule la vie militaire, aux dires du père, conviendra à son tempérament frondeur. Après de nombreux déboires et beaucoup de désillusions, George Cartwright mourra le 19 mai 1819 dans une misérable auberge de Mansfield. La date de son décès sera un rendez-vous avec une singulière rétrospective. Tremplin fantomatique dont il se servira pour améliorer son journal, se promener avec son faucon. Juché sur son cheval, il parcourt les plaines, débroussaille les événements qui ont marqué son séjour fructueux au Labrador. Sa connivence amicale avec les Indiens, son attirance pour une jeune femme de leur tribu, son pacte étrange avec Mme Selby, qu'il a rencontrée en Angleterre lors d'une exécution publique. Mais aussi la jalousie qu'il suscite chez de nouveaux colons qui envient ses réussites. Homme idéaliste, l'âme pétrie d'intentions bienveillantes qu'il est incapable d'appliquer envers ses employés, Mme Selby devant le rappeler sans cesse à l'ordre. Femme pragmatique qui a décelé la personnalité désordonnée de son employeur et amant qui ne vit que pour la chasse. Leur survie durant le premier hiver. Finalement, la solitude d'un explorateur abandonné de l'Angleterre qui, calfeutrée dans son confort, ignore ce que signifie la vie extrême durant un hiver qui dure huit mois. Faisant preuve d'une naïveté inexplicable, Cartwright sera trahi par ses employés le jour où des colons, affiliés à un bateau corsaire, assiégeront son domaine, déroberont sauvagement ses biens. Jusqu'à Mme Selby qui mettra un enfant au monde, dont le père s'avère le contremaitre.

Si de tels drames traversent l'épopée " labradorienne " de George Cartwright, relatée par l'écrivain canadien, John Steffler, des scènes burlesques nous ont fait sourire, ont altéré les pulsions tyranniques de l'explorateur. Comme celle des préservatifs entre lui et Mme Selby, l'intrusion de celle-ci dans le journal de Cartwright pour lui faire part de ses griefs. Femme avant-gardiste, indépendante, embauchée comme gouvernante, elle exige un salaire équitable de son employeur. Le pire drame sera le sort des Indiens qui, en partie décimés par la variole, de retour d'Angleterre, seront reçus par leur famille d'une manière qui déconcertera Cartwright. Dépouillé des êtres qu'il aimait, privé de ses ressources matérielles, endetté, il rentrera dans son pays. Quarantenaire, il acceptera un poste de maître de caserne qu'il occupera pendant une trentaine d'années. Quand Cartwright prendra sa retraite, il aura soixante-dix-sept ans, il s'installera dans une auberge à Mansfield, consacrera son temps et ses dernières forces à chasser avec son faucon, à faire de longues promenades à cheval. Le 19 mai 1819, date fatidique qu'il utilisera pour transcender ses rêves inaboutis, hanté par le remords et des regrets, obsédé par un Labrador méconnu, par son envergure qu'il a négligée. Surtout inattentif à l'avidité menaçante de ses pairs.

Lecture qui nous a accompagnée au long de ce janvier très froid. Le qualifiant d'arctique, on a imaginé avec peine, ce qu'avait représenté l'hiver de ces êtres aux prises avec des éléments naturellement hostiles. Dans leur maison, le Lodge, tout juste confortable en attendant les premiers dégels. Nous sommes au XIXe siècle, en Europe l'électricité a fait timidement son apparition. Baisser de rideau pathétique pour George Cartwright, solitaire malgré lui, cet explorateur, navigateur, aventurier, qui, à la fin de sa vie, distrayait les enfants de son frère Edmund, et les gamins du village.

Récit à la fois tragique, exaltant, témoignant du courage de ces individus passionnés, un brin romantiques, qui ont su inscrire des noms sur des terres inhospitalières, les apprivoiser pour les générations futures. John Steffler s'est inspiré du journal de Cartwright pour en rassembler les faits essentiels, composer ce roman fascinant. Traduit par l'écrivaine Hélène Rioux, incomparable traductrice. On remercie l'écrivain et la traductrice de nous avoir fait connaitre cette figure pour le moins atypique en notre époque où il ne reste plus de grands espaces à conquérir, sinon des sols interplanétaires...


L'après-vie de George Cartwright, John Steffler

Traduction de l'anglais ( Canada ) par Hélène Rioux

Leméac Éditeur, Montréal, 2021, 322 pages

lundi 21 février 2022

Être seul parmi les témoins de nos avatars ****


On se dit que tout ce qui vit, du moindre brin d'herbe à la fleur la plus frêle, demande une extrême attention. Nous regardons une pierre au bord de l'eau, le visage d'un humain qui nous croise, le pelage d'un chien qui aboie joyeusement. C'est un pas de danse que nous esquissons, sachant que le brin d'herbe, la fleur, la pierre, le chien mourront, le temps de se poser d'interminables questions jamais résolues. On parle des nouvelles de K.D. Miller, Dernière heure.

Dix nouvelles qui se glissent les unes dans les autres, leurs protagonistes se tenant par le bout des doigts quand l'aventure les interpelle dans un perpétuel ballet d'incertitudes. Fracas d'existences qui, pour la plupart, se prêtent aux habituelles routines, soudainement défaites et déstabilisées. Telle une présentation théâtrale, les premières fictions préfacent celles qui s'annoncent, révélant la personnalité d'êtres qui se retrouvent, sans trop se regarder dans les yeux. Récits repliés sur soi malgré la présence de témoins, ramifiant les silences intérieurs mais aussi les grands chagrins adoucis par la nostalgie du passé, vaine consolation quand nous sommes parvenus à un certain âge. Un peu de fatigue nous accompagne, ce peu flou, indéfini, que nous nommons solitude. Effet de tiroirs que nous ouvrons que nous fermons, après les avoir délestés de leur trop-plein douloureux, au risque de nous leurrer sur ce qui fut et ne sera plus. La dernière trompette s'avère un parangon de ce que nous avançons. Len Sparks, veuf de quatre-vingt-six ans, vit seul avec sa chienne, Sœur. Après avoir lu les journaux et s'être offusqué de leur contenu, il se prépare pour aller se recueillir sur la tombe de sa femme, Joan, soulignant l'anniversaire de sa mort accidentelle. En cours de route, il évoque les années de bonheur, peut-être d'illusions, Joan n'ayant pas été une épouse toujours conciliante. Les obstacles qui ont soustrait chaque protagoniste à la banalité du quotidien occupent une place prépondérante, reliant les individus entre eux, comme pour mieux les faire bondir une dernière fois dans un présent approximatif, faisant valoir que la vie a souvent le dernier mot. Ce qui arrivera à Len Sparks, assis sur un banc, devant la tombe de sa femme. Un adolescent le suit, le provoque, le questionne sur son couple, adolescent qui nous fait penser à ce qu'aurait pu représenter le vieil homme s'il avait été plus vindicatif. Entrée en matière grinçante mettant en relief le rôle des femmes dans ce qu'elles ont de véridique, fantaisie et détermination, complices entre elles, mais aussi prisonnières d'une culpabilité injustifiée, comme Harriett, artiste peintre, qui remet en question sa relation avec son fils, Ranald, celui-ci marié à Patrick. Elle aussi s'imbrique à l'intérieur de doutes, son veuvage lui révélant, croit-elle, sa fragilité de femme septuagénaire, jusqu'au jour où, agressée dans sa maison par un jeune inconnu dont elle refuse d'identifier le visage, elle lui impose une étrange réparation. Témoin. 

De nombreux acteurs et actrices composent ce fascinant recueil, portent en eux un échantillon de ce qu'est l'humain, oscillant entre le mal et le bien, oscillations pernicieuses qui ont déterminé le destin tragique de Curtis Maye, meurtrier de Morgan, jeune musicienne ambitieuse, dont la carrière prometteuse exacerbait le jugement rationnel de son amoureux. Morgan faisait partie des amitiés de jeunesse de Jill Macklin, écrivaine, que les aléas de la vie ont griffé cruellement à la suite d'un amour déçu pour un homme timoré, Eliot Somers. Il s'était trompé de partenaire, modifiant sans raison apparente son parcours vital, entre une femme démente et une fille, enseignante à des enfants en bas âge. Femmes et hommes pour qui nous éprouvons des sentiments disparates, on préfère certains récits à d'autres, marchant maladroitement sur la corde hachurée de leurs hésitations, de leurs convictions. De leurs trahisons, l'humour édulcorant les erreurs de la vie. Individus qui miroitent leurs interagissements balisés par des rencontres inopinées, régissant ce qu'il en reste au cours d'années qui s'usent, retrouvant leurs acolytes au seuil de la vieillesse. Les souvenirs sont-ils des certitudes, ébranlés pour mieux survivre ? C'est la question qui se pose en lisant le récit, La petite maison de travers. Texte qui rassemble des êtres ayant le privilège de relater quelque péripétie alors que le temps les a piétinés de ses opprobres, tel Curtis Maye qui est libéré de trente-cinq ans de prison pour le meurtre de Morgan Pettingill. Jour de l'Action de grâce, fête réconciliatrice mais affichant ses difficultés chagrines, comme Len Spark qui doit faire euthanasier sa vieille chienne, Sœur. Mary Somers, fille d'Eliot Somers, a pris l'initiative de préparer un repas, d'inviter Len Spark et Curtis Maye, qui profitera de la générosité matérielle du vieil homme pour accorder un deuxième et dernier souffle à son existence ratée. Fiction chorale qui distille une lumineuse espérance, même si quelques-uns d'entre les protagonistes sont demeurés à l'écart, comme Clarissa Pettingill, octogénaire, mère de Morgan, narratrice sceptique du dernier texte, À la garde de la corneille. Divorcée et veuve de Ramsay Pettingill qui redoutait les araignées. Image restrictive qui étouffait sa vie d'homme à principes. Clarissa pense à se débarrasser de futilités qui encombreront ses héritiers, dont le journal de sa fille Morgan, qu'elle a lu sans véritable surprise. La survie de Clarissa ne dérive-t-elle pas dans un salon funéraire, symbolisant tous ses comparses, éliminant la chair, exposant l'os ?

À quoi rime d'être jeune et insolent ? Ces dix nouvelles, quelques-unes sont omises ici dont celle éponyme, Dernière heure, n'ont rien changé aux pulsions d'êtres dotés de leurs expériences, comme s'il était nécessaire d'en franchir le cap pour leur insuffler un brin de modération, la jeunesse s'abreuvant d'un vin de jouvence bu à satiété. Ivresse qu'on a dégustée au long de notre lecture, jetant un regard lucide sur nos limites à vouloir agir différemment, on veut mentionner nos actions les plus téméraires ayant été celles d'aimer, de bannir, de riposter contre la raison récalcitrante. Une profonde tendresse émane de ces récits signés de la nouvelliste canadienne K.D. Miller, traduits sobrement, si justement, de l'anglais par l'écrivaine Louise Gaudette. On la remercie d'avoir capté, avec une grande sensibilité, les émotions de femmes et d'hommes traqués par des mésaventures parfois imprévisibles survenues au gré des décennies. Cependant, on regrette que des tableaux d'Alex Colville n'égaient point le livre, le communiqué de presse nous informant de leur importance, clarifiant des situations teintées de gestes et de paroles, d'une profonde solitude encombrant des humains dépris des bienfaits de leur jeunesse démantelée, nous révélant le poids de jeunes années instables, leurs sons tonitruants...


Dernière heure, K.D. Miller

Traduction de l'anglais par Louise Gaudette

Éditions de la Pleine Lune, Lachine, 2021, 340 pages


lundi 7 février 2022

Se confiner pour mesurer notre résilience *** 1/2


Nous sommes au cœur de l'hiver, néfaste à notre moral plus que tout événement désagréable qu'on pourrait nous annoncer. On est peut-être bêtement négative, comme chaque fois qu'on refuse d'écouter des raisonnements modérés concernant la bénéfique beauté que la saison blanche nous offre silencieusement. Il est vrai que notre regard, absent, se pointe déjà vers le printemps. On parle du numéro 148 de La revue XYZ de la nouvelle.

On ne pouvait mieux faire que lire des textes nous affranchissant d'un phénomène social auquel nous n'étions pas préparés. Aujourd'hui, le sommes-nous vraiment et davantage ? Qui résisterait à l'inconfortable dilemme, celui d'être enfermé chez soi, de devoir surveiller ses comportements dès que nos pieds nous portent à l'extérieur ? Ce que nous propose Marie-Claude Lapalme et Bertrand Bergeron, tous deux nous présentant dix auteurs-es qui supportent, ont supporté, les affres du confinement, thème symbolique que nous vivons au présent depuis plus de deux ans. 

En même temps que l'interrogation se pose, on est entrée dans la maison de Christine Comeau, Vivarium, qui, aux dires de l'auteure, s'est transformée en une immense forêt étouffante, nous invitant à suivre son personnage à l'extérieur d'un monde dont nous devinons la teneur. Récit habile qui nous entraîne à poursuivre notre lecture vers le périple de nouvelles déroutantes, magnifiquement expressives, sensitives. L'écrivaine n'écrit-elle pas que « la porte a disparu » ? On pénètre dans un intérieur, il y en a plusieurs, où survit  un couple qui s'isole chacun dans une pièce, elle, ayant été diagnostiquée positive au virus. Que restera-t-il d'eux, l'un s'emprisonnant dans la méfiance néfaste de l'autre ? Fièvre, signée Mikella Nicol. Sorte de tête-à-tête qu'utilise la narratrice de Véronique Grenier, quand elle s'enferme dans son logement, se parlant à elle-même, ayant pour témoin sa vieille voisine, vivotant de l'autre côté du mur qui les sépare. C'est le dehors qui va les faire se connaitre, les deux ayant besoin de gestes et de paroles. Comme quoi l'extérieur de nos murs, ceux en plâtre, ceux s'érigeant dans notre tête pour des raisons qui n'en sont pas toujours, s'avèrent porteurs de conciliation envers les autres. Une touchante fiction qui n'en est pas tout à fait une. 

On tourne les pages, on va plus loin dans l'anxiété, dans un autre intérieur, celui de Mattia Scarpulla, qui nous révèle ce qu'est une dépression en temps de pandémie. La fragilité d'une femme qui, au regard incisif, supporte mal les réactions de son mari, recoupant la nouvelle troublante de Mikella Nicol. La vie à deux serait-elle défavorable lors d'une catastrophe, indépendante de ce que nous sommes ? Sensibilité exacerbée par une situation anormale, cette anormalité se combinant aux sentiments qui, édulcorés par l'usure, se fragilisent au point de désirer, provoquer la disparition de son partenaire. Sommes-nous des assassins assoupis que déclenche un fait inhabituel ? Le sourire de George Clooney. Pour nous rassurer moindrement, la narratrice d'Esther Laforce, Mad World, évoque l'importance de l'amitié, la nécessité d'en  prendre soin quand l'occasion se présente. La veille de Noël suscite des petits miracles qu'il est nécessaire de protéger de nos erreurs involontaires. 

Cependant, de ce recueil tellement humain, deux fictions nous ont particulièrement touchée. Les réminiscences de la narratrice du texte de Chantal Fortier, Perdre le Nord. Et la belle humeur de la nouvelle de Joanie Lemieux, Malades, amoureux, fous. Mélancolie de la première, qui, chaque fois qu'elle sort de son logement, évoque avec poésie son séjour professionnel dans le Grand Nord, au point que le présent et le passé se confondent, le paysage citadin se mêlant à une « immense plaine glacée » qui fait se rebeller la narratrice en introduisant des images d'un passé qui emplit sa tête. Se divertissant avec deux anecdotes qui la détournent d'un funeste dessein. Fin tonitruante amoindrissant ses intentions mortifères qui peuplent la nuit... De son côté, Joanie Lemieux imagine une pandémie d'amour. Une femme rejoint chez lui un homme qu'elle a autrefois profondément aimé, alors que les conditions sanitaires obligent les gens à rester chez eux, au risque de se contaminer les uns les autres. Inévitablement, la narratrice et son ancien amoureux vont se heurter à des restrictions personnelles... Clin d'œil ironique à la maladie actuelle qui sépare certaines personnes au lieu de les rassembler, cette fiction audacieuse s'imprégnant d'une bienfaisante résolution. 

La rubrique " Thème libre " nous réserve trois heureuses surprises. Les nouvelles très différentes mais combien talentueuses de trois écrivains qui donnent libre cours à leur imagination fertile, soumettent des protagonistes à des conjonctures humanistes auxquelles ils avaient échappé. Un dialogue mi-figue mi-raisin entre un homme rangé dans son confort avec un sans-abri, révolté des injustices sociales. Une jeune femme qui se crée des prétextes pour ne pas rendre visite à sa grand-mère. Et l'étrange disparition d'une professeure qui, dans une école, donne des cours à minuit. Textes respectivement signés Antoine Dion-Ortega, Valérie Provost, Philippe St-Germain. " À rebours " nous fait faire la connaissance de la  nouvelliste américaine, Grace Paley, qui prend chair et os sous la plume volubile de Jean-François Chassey, alors qu'il analyse l'œuvre de l'écrivaine, nous donne l'envie furieuse de la lire.

Un cent-quarante-huitième numéro de la Revue XYZ que nous ouvrons et arpentons sans hésitation. On a signalé plusieurs textes, essayant d'allécher le lecteur, la lectrice, ne citant pas tous les récits qui composent ce recueil, préférant laisser le plaisir de la découverte à qui aime tourner les pages. Les nouvelles ayant peu de route  chronologique, nous partageons au hasard des récits, l'anxiété, la détresse d'hommes et de femmes en proie à un événement majeur en ce début d'année, qui nous met à l'épreuve de nous-mêmes, dont on se demande quelle en sera la conclusion...


La Revue XYZ de la nouvelle, numéro 148

Piloté par Marie-Claude Lapalme et Bertrand Bergeron

Montréal, 2021, 104 pages